Plus d’un maire sur deux ne souhaite pas se représenter en 2026, un record en vingt ans, selon un sondage Ifop.
Selon les chiffres de la Gazette des communes, au 1er septembre 2022, 960 maires avaient démissionné. En 2 ans, c’est autant de départs que pendant la totalité du mandat précédent.
Près des trois quarts des démissions concernent les élus de communes de moins de 1 500 habitants et plus de 450 étaient les édiles de communes de moins de 500 habitants.
Dans le détail, les maires les plus âgés sont les plus prompts à jeter l’éponge (72 % des plus de 70 ans), de même que les maires ruraux (56 %) et ceux dont au moins 10 % du budget de fonctionnement est consacré à l’énergie (62 %).
Beaucoup de déception chez les maires arrivés en 2020 dans un contexte difficile, confrontés à nombreuses difficultés. Il faut dire que ce mandat est très particulier. Il a débuté en période covid et est marqué par les impératifs de gestion. Quand on s’est présenté avec l’envie de changer les choses, cela peut être décourageant. Si ce sont les raisons personnelles qui sont citées en premier, l’usure physique et le désengagement de l’Etat arrivent en deuxième et troisième positions.
Une pression incroyable :
Les conditions d’exercice d’un maire rural vont des sollicitations en tous genres, aux atteintes et même aux agressions verbales ou physiques. Tout cela pour une indemnité parfois dérisoire qui ne suffit pas à financer l’ensemble des dépenses liées à la fonction, et notamment les frais de déplacement. Pour certains, c’est un mandat exercé à plein temps, puisqu’il faut mettre de côté son métier. D’autres doivent consacrer 35h00 à leur profession et autant pour la commune chaque semaine. Une fatigue qui fait que la flamme s’éteint. Tout cela ramené au temps impliqué et aux sacrifices engagés, certains élus dénoncent un « bénévolat indemnisé » devenant trop contraignant. Cela nécessite de jongler entre son travail, sa fonction et sa famille, difficile d’être partout !
Lorsqu’on devient maire, il faut savoir faire face à de multiples tâches administratives, comptables, aux finances, à l’urbanisme, à la politique culturelle, la gestion sociale des agents, aux conflits entre riverains, etc.
N’oublions pas d’abord, la lourdeur de la charge de travail, les relations avec l’intercommunalité, la complexité juridique et technique des dossiers. Mais aussi, la complexité des recommandations et des normes, le manque de moyens financiers, la diminution des prérogatives et des pouvoirs. Sans oublier la recentralisation par l’Etat de certaines prérogatives municipales, la responsabilité pénale des maires, le manque de moyens humains et de la méconnaissance de la réalité des petites communes rurales. Toutes ces raisons sont des freins à l’épanouissement d’un mandat de maire et on ne peut que comprendre le mouvement de lassitude de bon nombre d’entre eux.
La fonction de maire pèse et la solitude des décisions est parfois lourde à supporter.
Avec l’intercommunalité, certains se sentent dépouillés de l’essentiel de leurs compétences, moins utiles et moins décisionnaires. Ce qui devait être une coopérative de communes, est parfois devenu une entité de pilotage des maires, dépossédés par l’Etat. Certains exercent parfois à 45 minutes du siège de leur communauté de communes, ce qui engendre un empêchement matériel de s’y impliquer. Sans oublier les dotations de fonctionnement qui ont été quasiment divisées par 2 alors qu’en parallèle, l’Etat les oblige à dépenser plus.
Les élus ruraux regrettent aussi le désengagement de l’Etat, avec des services publics perdus ces dernières années, comme le corps de sapeurs-pompiers ou la poste. Cependant, l’Etat n’est pas le seul responsable du blues des maires. Beaucoup constatent une dégradation du lien avec leurs administrés, un niveau d’exigence plus élevé des citoyens par rapport à l’action municipale ou aux services municipaux.
Certains maires estiment ne plus avoir la satisfaction de faire avancer des projets concrets pour leur commune. Des administrés qui contestent toute action qui modifie leur cadre de vie, avec un discours accusatoire contre la mairie. Il n’y a plus de respect pour la fonction, les habitants demandent de plus en plus de choses, alors que les maires ont moins de moyens. Un sentiment général d’abandon du pouvoir central qui s’est amplifié depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron.
Un renouvellement à venir ?
Les maires ruraux sont en moyenne moins désireux de se représenter que les maires urbains. Cela concerne environ 6 élus sur dix.
Parmi les attentes, on note une demande de « groupes de discussions et de débats » entre maires. Certains autres souhaiteraient un allongement de la prise de fonction de maire, intervenant entre cinq et sept jours après l’élection, afin de mettre à profit ce temps pour accéder à « une formation initiale d’élu favorisant ainsi une meilleure homogénéité des compétences de l’ensemble des maires de France »
Le directeur de l’AMRF, Cédric SZABO veut être optimiste, « ce chiffre prédit un renouvellement important aux municipales, or c’est ce que les Français réclament dans les cahiers de doléances ».