Promesses salariales des agents publics : un mirage décevant dans le désert de l’attente

Stanislas Guerini a dévoilé un ensemble de mesures lundi 12 juin, parmi lesquelles figure une hausse de la valeur du point d’indice de la fonction publique de seulement 1,5% à partir du 1er juillet prochain. Cette augmentation est bien inférieure à celle accordée en juillet 2022, qui était de 3,5%. Ces annonces ont suscité une grande déception et insatisfaction parmi les syndicats. Ces derniers critiquent également le décalage de l’application d’une mesure supplémentaire qui accordera cinq points d’indice supplémentaires à tous les agents publics à partir du 1er janvier 2024. Stanislas Guerini a tenté de « faire passer la pilule » en mettant en avant cette mesure complémentaire, affirmant qu’elle équivaut à une hausse de 2,5% de la valeur du point d’indice. Cependant, les syndicats n’ont pas été convaincus et ont souligné leur mécontentement face à ce décalage dans l’application de la seconde mesure.

Dans une tentative de geste envers les salaires les plus bas, des points d’indice supplémentaires seront attribués à certains agents des catégories B et C à partir de juillet 2023. Cela vise à permettre des progressions de carrière plus significatives pour les agents les moins rémunérés.

Une prime exceptionnelle sera également versée avant la fin de l’année, mais elle sera dégressive, allant de 800 euros pour les agents les moins rémunérés à 300 euros pour ceux qui sont mieux payés. Cependant, cette prime ne sera réservée qu’aux agents dont la rémunération ne dépasse pas 3 250 euros bruts mensuels, primes incluses. De plus, les employeurs territoriaux ne seront pas tenus de l’accorder en raison du principe de libre administration.

D’autres mesures ont été annoncées, telles que l’augmentation du taux de remboursement des frais de transport collectifs, la revalorisation du barème de monétisation des comptes épargne-temps et la revalorisation de certains frais de mission. La garantie individuelle de pouvoir d’achat (GIPA), qui permet aux agents de voir leur rémunération augmenter au moins autant que l’inflation, sera également reconduite en 2023.

Malgré ces annonces, les syndicats se sont montrés largement insatisfaits, estimant que les mesures proposées sont loin de répondre à leurs attentes. Pascal Kessler, président de la FAFP, a affirmé qu’il n’y avait aucune attractivité et a critiqué le manque d’une réelle revalorisation du point d’indice. La CGT, par exemple, réclamait une hausse urgente de 10% de celui-ci.

Face à cette déception, les organisations syndicales ont demandé au ministre d’organiser une nouvelle réunion multilatérale dans le but de présenter des mesures revues à la hausse. Cependant, selon la CGT, le ministre aurait refusé cette demande, ce qui a conduit les syndicats à quitter la réunion après environ deux heures et demie de participation.

Le matin même, le ministre avait rencontré les représentants des employeurs territoriaux et hospitaliers lors d’une réunion de concertation sur le même sujet de la rémunération des agents.

Du côté de l’AMF, l’annonce des mesures d’augmentation salariale des agents publics par le gouvernement a suscité une critique virulente. L’association dénonce le calendrier et la méthode utilisés, soulignant le manque de concertation et de préavis.

Selon Murielle Fabre, secrétaire générale de l’AMF, cette approche nuit à la planification budgétaire des collectivités locales, dont les budgets sont votés en mars, tandis que les mesures annoncées entreront en vigueur le 1er juillet, ayant ainsi un impact direct sur leurs dépenses. L’AMF insiste sur la nécessité d’une prise de décision réfléchie et planifiée, garantissant une meilleure visibilité et anticipation des dépenses. De plus, l’association souligne le déséquilibre entre l’augmentation des dépenses de fonctionnement causée par la prime accordée aux collectivités locales et les demandes de réduction des dépenses émanant du gouvernement. Elle insiste également sur l’importance de la libre administration des collectivités, non seulement pour les dépenses, mais également pour les recettes, soulignant les implications de la suppression progressive des impôts locaux. Enfin, l’association rappelle la nécessité d’une indexation de la Dotation Globale de Fonctionnement sur l’inflation, une mesure qui permettrait aux collectivités d’ajuster les salaires en fonction de l’évolution des prix.

L’association plaide en faveur d’une réévaluation de cette question lors des discussions sur le projet de loi de finances pour 2024, tout en se déclarant prête à collaborer avec le gouvernement afin d’améliorer l’organisation des dépenses et d’anticiper de manière appropriée.

 

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