L’avis parlementaire de Maryvonne Blondin, sénatrice : « Rythmes scolaires : faire et défaire, en finir avec l’instabilité ! »

 

A peine trois ans après la mise en œuvre, progressive, de la réforme des rythmes scolaires, le Ministre de l’Education nationale ouvre, par décret, la porte du retour facilité à la semaine de quatre jours !

Faut-il rappeler l’unanimité qui avait prévalu en 2008 pour dénoncer les journées trop longues et trop lourdes imposées aux enfants ?

Faut-il rappeler le long travail des collectivités territoriales et de tous les partenaires concernés pour organiser les cinq matinées de cours et les TAP, dans un contexte financier contraint ? Et pourtant, que de chemin parcouru ! La presse s’en fait écho régulièrement.

Des évaluations de cette réforme ont été menées :

1.     Le rapport de Françoise Cartron, remis au Premier ministre, en mai 2016, ne nie pas les difficultés organisationnelles et financières mais il souligne aussi le dynamisme et l’innovation des acteurs qui ont permis de trouver des solutions adaptées à chaque territoire.

2.     Un rapport sénatorial conjoint entre la commission des Finances et Education-Culture mené par J.C Carle, G. Longuet, M. Jouve et T. Foucaud dont les conclusions ont été rendues le 7 juin dernier et votées à l’unanimité des membres.

Quelques-unes de leurs  recommandations :

-       en finir avec l’instabilité !

-       conserver le principe de la réforme de 2013 et l’inscrire dans un cadre plus large, non plus seulement hebdomadaire mais annuel

-       conserver l’aide financière de l’Etat et de la CAF et mettre en place un guichet unique

-       permettre des initiatives locales : placer la 5e matinée de classe le samedi ou libérer un mercredi ou un samedi matin par mois compensé par la réduction des vacances

Le Conseil supérieur de l’Education et le Conseil national d’évaluation des normes sont, eux, interrogatifs face à la précipitation de cette annonce et sceptiques quant à la pérennisation du fonds de soutien. Ils ont ainsi rejeté ce projet de décret.

Deux logiques s’affrontent :

-       l’organisation du temps scolaire du point de vue de l’intérêt de l’enfant et de ses apprentissages

-       l’organisation du temps familial et les difficultés organisationnelles et financières des collectivités locales

 

Les élus locaux sont maintenant confrontés à des pressions diverses : la fatigabilité des enfants, les difficultés financières… Mais ne peut-on pas laisser un peu de temps pour mesurer les impacts de cette réforme ? Et garder en mémoire ce que disait le directeur général de l’enseignement scolaire, JM Blanquer, en 2010 : « Le monde des adultes s’est entendu sur le monde des enfants ! »

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